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« Les prix et les récompenses, c’est comme les hémorroïdes : un jour ou l’autre, n’importe quel trou du cul finit par en avoir. »

Avec cette célèbre citation du réalisateur Billy Wilder pour toute philosophie, de nombreuses récompenses satiriques entendent singer les pompeuses cérémonies officielles honorifiques construites sur le modèle des Oscars. Sport, show-business, sciences ou politique, aucun domaine n’est épargné.

Décerné par l’université de Harvard depuis 1991, l’IG Nobel est le pendant satirique du très sérieux prix Nobel. Dans le palmarès 2006, on trouve des chercheurs ayant prouvé pourquoi les piverts n’étaient pas sujets aux maux de tête ou ayant mesuré la vitesse des ultrasons dans le fromage Cheddar en fonction de la température ! Saluons également ces lauréats décorés pour leurs analyses portant sur l’effet de la musique country sur le suicide ou concernant l’activité cérébrale d’une sauterelle pendant qu’elle regarde le film La Guerre des étoiles.

Nos hommes politiques ne sont pas en reste : un prix de l’humour leur est spécialement décerné. Ce dernier honore aussi bien les bons mots volontaires de nos élus que leurs bourdes hilarantes. Jean-Pierre Raffarin en a fait les frais en 2003 en raison de son copieux lot de « raffarinades » dont la plus célèbre reste sans aucun doute : « The yes needs the no to win, against the no ».

Moins drôles et plus polémiques, les Big Brother Awards de l’organisation Privacy International distinguent chaque année, dans une quinzaine de pays, les plus graves atteintes à la vie privée. Mention spéciale « Orwell Entreprise » en 2005 pour la société Lidl de Nantes ayant installé des caméras dans un entrepôt afin de surveiller ses salariés.

La palme du mauvais goût revient, elle, au prix Darwin. Les victimes sont remerciées pour avoir contribué, par leur mort ou leur stérilisation accidentelles, à l’amélioration du patrimoine génétique humain. Ainsi de cet homme qui, en 1987, sauta, sans parachute, d’un avion pour filmer un instructeur de saut aérien. Ou de cet autre croyant pouvoir jouer à la roulette russe avec un pistolet semi-automatique.

Pastiche du Ballon d’or, le Ballon de plomb a été lancé par les Cahiers du football pour désigner « un panachage d’espoirs déçus, de joueurs surcotés, de véritables têtes à claques et de quelques authentiques mauvais footballeurs ». Après trois nominations en quatre ans, le défenseur du PSG Bernard Mendy a été élu Ballon de plomb 2006 par les lecteurs du mensuel avec plus de 23 % des voix !

Côté show-business, le critique de mode américain Richard Blackwell concocte un classement des stars les plus mal habillées rebaptisées Screamgirls pour l’occasion. Cette année, il a attribué le prix du mauvais goût ex-æquo à Britney Spears et Paris Hilton. Mariah Carey se retrouve à la sixième place et récompensée comme « reine du kitch catastrophique ».

Avec ses Naomi Awards quelque peu confidentiels, la musique fait un peu figure de parent pauvre. Difficile de tenir la comparaison avec le septième art qui reste le terrain de chasse privilégié des prix parodiques. Les plus anciens du genre sont les Razzies awards américains qui distribuent des Framboises d’or aux pires prestations cinématographiques de l’année. On a déjà vu de malheureux vainqueurs venir chercher leur trophée comme Halle Berry, élue plus mauvaise actrice dans Catwoman en 2004.

Plus amateurs et fantaisistes, trois prix occupent en France le même créneau : les Bidets d’or, les Brutus et les Gérard. Catégories loufoques et têtes de turc alimentent leur fond de commerce. C’est ainsi qu’Arielle Dombasle a déjà été désignée « plus mauvaise actrice qui bénéficie le mieux des réseaux de son mari » pour l’ensemble de son œuvre ou que Michael Youn a reçu le prix Pécas d’or pour Iznogou. A noter que les Gérard sont déclinés depuis peu pour la télévision : y sont distingués pêle-mêle « le plus mauvais membre d’une minorité visible », « le plus mauvais Laurent » ou encore « la plus mauvaise série allemande ».

Le Festival de Cannes est à lui seul l’objet de deux récompenses satiriques. Le Palm Dog Award célèbre un long métrage comportant la meilleure prestation canine, à l’image des bouledogues remuants de Marie-Antoinette en 2006. Quant à l’agence Associated Press, elle délivre un anti-palmarès dont les catégories fluctuent suivant les films en compétition. En 2003, le prix de la meilleure fellation/acte non simulé est ainsi revenu à Chloë Sevigny pour The Brown Bunny et celui de la meilleure fellation/acte simulé à Ludivine Sagnier dans Swimming pool…